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07/03/2014

Bactéries et musique de Zaretsky

Le projet "Bio-Art" d'Adam Zaretsky consiste à jouer de la musique Engelbert Humperdinck à côté d'un échantillon de E. coli afin de tester l'influence des sons/vibrations sur la croissance des bactéries.

Qui est Adam Zaretsky ?

Il a travaillé avec l'artiste « transgénique » Eduardo Kac mais aussi Joe Davis. Après ses études au Art Institute of Chicago, Zaretsky accepte un poste de chercheur non rémunéré au M.I.T. Il se retrouve dans un laboratoire de pointe aux côtés de scientifiques mais aussi d'artistes comme Oron Catts et Ionat Zurr, qui travaillent sur l'esthétique des tissus cellulaire en culture. Il commence alors à expérimenter l'effet de la musique sur des cultures de bactéries.
« J'ai obtenu des résultats intéressants en faisant jouer les grands succès d'Engelbert Humperdinck pendant 48 heures à 25 ml de souche industrielle de E. coli. J'utilise des haut-parleurs à membrane vibrante. Il semble que la production d'antibiotique ait augmenté. Il existe plusieurs explications à cela, mais la poursuite de l'expérience permettra de les restreindre. La contrariété pourrait être une cause possible de « l'effet Humperdinck ». En effet, il est possible que les cellules soient ennuyées par leur soumission pendant deux jours consécutifs à cette musique vraiment affreuse et forte. Il se peut donc qu'elles aient produit des antibiotiques pour lutter contre un éventuel ennemi, de la seule façon qui est à leur disposition. » 

Si vous voulez vous aussi vous soumettre à l'épreuve de Humperdinck c'est ici ;!
Bien que certains de ses collègues puissent juger ce projet futile, pour Zaretsky, faire de l'art à partir de gènes, de cellules ou d'autres organismes vivants  équivaut à critiquer et à questionner le milieu scientifique ainsi que l'indifférence générale du public à cet égard.

Bien que l'humour demeure un pilier de la pratique artistique et scientifique de Zaretsky, sa démarche repose sur une compréhension complexe et très sérieuse des questions d'ordre biologique et génétique qui font partie intégrante de la société contemporaine.

Les nouvelles technologies explorées à des fins scientifiques et médicales peuvent aussi être éprouvées sur le terrain artistique. Comme le lapin GFP de Kac et les expériences de Davis avec la bactérie E. coli l'ont montré, un espace de réflexion s'ouvre sur le rôle des technologies et leurs conséquences pour les êtres humains au point de vue moral, politique et pratique. Ces questions ont déjà été abordées au cours de l'histoire, et pas de manière positive.

Les dilemmes éthiques de Zaretsky, issus de l'histoire récente, motivent sa pratique bio-artistique. La biologie a déjà servi à des fins esthétiques, à l'évidence avec des conséquences horribles. « Nous glissons vers l'eugénisme, commente Zaretsky. Nous n'avons pas toujours fait preuve du meilleur goût. Non pas que les artistes aient toujours manifesté un goût plus raffiné, mais plutôt un goût équivoque. Si nous commençons à concevoir des humains améliorés, quelqu'un doit alors fabriquer des humains 'punks' ou 'tartans'. Je constate, ajoute-t-il d'un ton posé, que nous approchons du moment où les transformations génétiques des êtres humains refléteront les modes populaires. »


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